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11 février 2005

 

Chère Eglantine

 

Hier j'ai téléphoné à ta grand-mère et ça s'est plutôt mal passé. Avec maman, vous êtes descendues à Valence, mais Annie ne m'a pas dit où ni quand. Vous aviez été malades la semaine d'avant et Annie m'avait dit qu'elle ne savait pas si vous descendiez, ce que je n'ai pas cru, parce que je sais qu'il faudrait quelque chose de très important pour qu'elle ne descende pas à Valence pendant les vacances.

Alors j'ai téléphoné à ta grand-mère pour lui demander où vous étiez. Pour lui tendre la perche, j'ai dit "elles sont à Grenoble, sans doute" et elle a dit oui. Mais moi je voulais te voir et j'ai demandé quand est-ce que vous reveniez à Valence.

Après le passage obligé du délire religieux de ta grand-mère (la fin des temps est proche), elle n'a pas voulu me dire quand vous reviendriez. Alors le ton est monté, elle m'a reproché tous les maux de la création etc.

Elle m'a dit que ça ne servait à rien de jouer au bon père, puisque je t'avais abandonnée etc. Ce qu'elle ne voit bien sûr pas, c'est qu'en me jetant comme elle l'a fait, cela gênait encore plus mon contact avec toi. Elle me reproche de t'abandonner et par son attitude m'empêche de te voir. Je suis un vilain parce que je te laisse, mais on ne fait rien pour que je puisse te voir plus souvent.

C'est comme ta mère. Son ressentiment est tel qu'elle fait tout pour empêcher que je te voie. Et surtout pas seule. La seule chose qu'elle a trouvé pour justifier cela, c'est que tu es angoissée lorsque tu n'es plus avec elle.

Ce que je veux que tu saches, c'est que je t'aime beaucoup, et que le fait que je sois parti de la maison n'a rien à voir avec toi. C'est un problème entre ta mère et moi. Et le fait que je te vois peu n'est pas lié à un désintérêt de ma part pour toi, mais vraiment parce qu'on me met des bâtons dans les roues pour cela. Annie se venge inconsciemment de moi en nous séparant. Comme ça elle peut bien dire (te dire?) que je t'ai abandonnée et que je ne m'intéresse pas à toi.

Les temps qui viennent doivent changer. Comme je hais les conflits, je me suis laissé faire dans ce système. J'espère que j'aurai la force d'affirmer ce que je veux : avoir un contact avec toi.

Lorsque j'ai commencé à dire que comme tuteur légal, j'avais le droit de savoir où vous étiez, ta grand-mère m'a raccroché au nez.

En fait, je me fous de ce qu'elle pense de moi, mais ce que je ne veux pas, c'est ce truc débile de me séparer de toi. Elles m'en veulent parce que je n'ai pas fait ce qu'elles voulaient de moi, alors elle me "punissent" en me séparant de toi pour mieux pouvoir m'accuser de t'abandonner.

Je pense que je te manque et ça m'embête de ne pas avoir plus de contacts avec toi. Mais je pense aussi que ça ne durera pas éternellement et que lorsque tu seras plus grande, tu feras bien ce que tu voudras. Il suffit que tu saches que je serai toujours là pour toi et que je serai toujours heureux de toi.

En ce moment, je vois qu'Annie a une influence psychologique négative sur toi. Je ne peux pas le lui reprocher, c'est vrai que ce n'était pas facile pour elle que je m'en aille. Mais un tel manque de conscience dans l'agir me confond. C'est bien la peine d'avoir fait un travail psychologique et de se dire spirituelle. Je sais déjà que lorsque tu seras grande, tu auras besoin de faire un travail psychologique pour liquider ça. J'espère que mes lettres pourront t'aider.

Il faut dire qu'Annie a fait aussi un travail, mais qui à mon avis ne l'a pas libérée de son rapport délétère avec ta grand-mère. J'espère que tu pourras toi te libérer du noeud qu'elles se passent de génération en génération.

 

Ma chère Eglantine, souviens-toi seulement que je t'aime et que je serai toujours là pour toi lorsque tu auras besoin de moi.

 

Bisou

 

Papa

 

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